Planter au lieu de semer – la culture de betteraves bio devient attractive

Culture bio et durabilité sont sur toutes les lèvres. Les consommateurs privilégient à nouveau les produits indigènes issus de cultures durables. Le sucre suisse produit de façon écologique est plébiscité et il n’est pas possible de répondre à la demande. Il est en effet particulièrement exigeant de cultiver des betteraves sucrières en excluant tout recours à des produits phytosanitaires. Ce que des agriculteurs audacieux ont tenté de « planter » ce printemps, plutôt que de le « semer », a pu être récolté aujourd’hui – avec succès.

De plus en plus de consommatrices et de consommateurs veulent acheter du sucre suisse conformes aux critères de durabilité. Depuis 2014, les ventes de sucre bio ont augmenté de 30 tonnes à 690 tonnes. L’offre ne couvre pas la demande, la production de sucre bio étant insuffisante. De nombreux planteurs demeurent sceptiques à l’égard de la culture biologique, car ils craignent un rendement insuffisant par rapport aux efforts fournis. Cette année à nouveau, des agriculteurs et des consultants audacieux ont fait des tests sur divers sites en Suisse pour voir si le recours à des plantons ne permettait pas de simplifier le travail. Le résultat est prometteur.

Moins de travail

Des expériences ont été récoltées sur environ 80 hectares répartis dans toute la Suisse. La comparaison entre semis et repiquage est frappante. Les betteraves semées présentent un rendement moyen de 40,4 t. Pour les betteraves plantées, on a enregistré un rendement supplémentaire moyen de 15.3 t, ce qui correspond à 55.7 t par hectare. Comparée à celle du repiquage, la dispersion des résultats des semis est sensiblement plus importante. Pour ces derniers, la fourchette de rendement va de 3.2 t à 91.6 t par hectare alors que les résultats des plantons s’échelonnent entre 26 t et 91.3 t par hectare. Les deux techniques permettent des rendements de pointe supérieurs à 90 t. Il a été clairement établi que la méthode du repiquage offre une bonne assurance de rendement.

L’investissement en temps aussi reste raisonnable. Sur les champs consacrés aux tests, la FRIJ a comptabilisé les heures de travail et le rendement a été calculé selon les procédés. Pour les plantons de betteraves, le temps de travail est sensiblement inférieur et le taux de réussite de 99 % fournit une bonne assurance de rendement. Grâce au développement rapide des plantes, le désherbage se limite à quelques passages de herse et de sarclage. Seul l’enlèvement d’adventices vivaces, par exemple les chardons, exige un travail manuel. Les betteraves semées en revanche ont besoin de plus de temps pour lever et grandir, ce qui implique des efforts plus importants pour lutter contre les mauvaises herbes. Comparé à la culture de plantons, le temps consacré tend à doubler.

Une alternative prometteuse

À Montignez, des essais ont été réalisés entre les années 2019 et 2021. Les résultats sont encourageants sur toute la ligne. Sur trois ans, le revenu moyen par heure de travail est de CHF 130 pour les betteraves repiquées, soit supérieur à celui des betteraves semées qui est de CHF 87. Cependant, en ce qui concerne le rendement par hectare, les betteraves semées obtiennent de meilleurs résultats. Pendant la durée des essais, le revenu par hectare obtenu de cette façon était de CHF 9'780, par opposition aux betteraves plantées pour lesquelles il a atteint CHF 9'400. En misant sur le repiquage, le travail manuel est remplacé par l’investissement dans les jeunes pousses et par une longueur d’avance dans la végétation. Cela signifie que des exploitations ne disposant pas de beaucoup de main d’œuvre peuvent malgré tout cultiver de grandes surfaces de betteraves. Les betteraves biologiques gagnent ainsi également en attractivité économique.

La betterave sucrière : une plante délicate gorgée de douceur

Les betteraves sucrières sont semées au début du printemps et leurs timides pousses se transforment pour devenir des plantes vigoureuses cachant une masse racinaire de plus d’un kilo. Pendant leur développement, ce sont surtout les jeunes plants qui subissent la concurrence de mauvaises herbes et les attaques de ravageurs. Alors que les betteraves cultivées selon les méthodes conventionnelles sont protégées avec des produits phytosanitaires, les betteraves bio sont tributaires du développement rapide des jeunes pousses afin de traverser les phases délicates en bonne forme. La lutte contre les adventices constitue un défi particulier pour les planteurs bio. Toutefois, les bonnes années, moitié moins de temps doit être consacré au sarclage et au binage que les années difficiles. Sucre Suisse SA soutient les agriculteurs intéressés. Le service betteravier est à leur disposition.

Frauenfeld, 052 724 74 29 ou Aarberg, 032 391 62 29

Illustrations possibles (originaux chez R. Wild, Sucre Suisse SA) ; toutes les images montrent un champ de betteraves bio dans le Jura chez Milo Stoecklin (automne 2021) sur lequel les betteraves ont été « plantées ».

Raphael Wild

Responsable Communication